Dès la première page, l’intrigue est posée : un crime a été commis, deux enfants sont morts. Mais pour comprendre comment cette monstruosité a pu arriver, il faut remonter le temps. Le roman dresse alors le portrait social et psychologique de Louise, une femme aussi bien enfantine qu’obsessionnelle, frêle mais d’une grande force physique. Elle travaille comme nounou et les familles qui l’ont employée dans le passé en ont toujours été très satisfaites. Ainsi, quand elle entre dans la vie de Myriam et Paul, ces deux-là n’en reviennent pas d’avoir déniché la perle rare. Le couple se réjouit de voir l’appartement toujours parfaitement nettoyé et la complicité que les enfants ont tissée avec la nounou. Peu à peu, cet homme et cette femme carriéristes vont pourtant s’agacer des manies de Louise et de son attitude envahissante sans toutefois réussir à se passer d’elle.
Derrière ce comportement intrusif et inflexible, Louise cache également une grande détresse sociale. Submergée par la solitude, elle se démène pour survivre dans un monde qui la tient responsable de ses propres échecs. On découvre son univers et les relations qui ont marqué sa vie pour enfin la voir sombrer dans le désespoir et commettre l’innommable.
Dans ce roman, l’autrice fait état des rapports de force qui martèlent notre société et dépeint des existences sociales aux antipodes, cependant toutes parcourues par les pressions, les faux-semblants et le jugement. Alors que Myriam s’efforce de concilier sa vie professionnelle et sa vie familiale, Louise voit dans son ingérence au sein de ce foyer la seule échappatoire à sa misère sociale. L’écriture imagée de Leïla Slimani nous plonge avec réalisme dans le quotidien de cette famille parisienne et de sa nounou et nous met à l’affût de la moindre faille chez Louise, signe annonciateur du drame à venir.
L’autrice :
Leïla Slimani est une écrivaine franco-marocaine. Née au Maroc en 1981, elle fait ses études à Paris et débute sa carrière en tant que journaliste. À partir de 2012, elle décide de se consacrer à l’écriture littéraire. En 2016, son deuxième roman « Chanson douce » est récompensé par le prix Goncourt.